J’aime me poser à hauteur de fleur. Je voulais disparaitre sans mourir J’attends d’oser.

Je dispose de la fleur qui choisit sa propre trace, j’y pressens un voyage, une aventure sur toile quand je serai à l’atelier. C’est une fabrique, un travail où les yeux et les mains se parlent, où naît une cuisine, une alchimie dont on oublie de prendre note dans le détail et qui donc, se réinvente à chaque fois.

J’aime marcher en ville, dans la campagne. Ramasser des plantes, des petits tas de choses organiques, « fasciculer » au sens D’Emily Dickinson, rapporter des fragments du vivant, les lier aux pigments, chercher la profondeur dans les couleurs naissantes. La lecture de poésies impulse souvent le travail. l’observation détaillée et l’imagination libre sont des formes de voyage (AllenS. Weiss)

Je voudrais disparaître sans mourir, dans les imperfections de toutes sortes, qui amènent une sorte de beauté. Dissymétrie, Altération par le temps, décrépitude des choses vieillissantes, patine des objets, salissures, mais aussi puissance de la couleur, dans une multitude de couches fines. Ma pratique de la peinture est un acte solitaire, où se mêlent mélancolie et humour, une sorte de private joke et pourtant je cherche l’émotion chez celui qui regarde: je l’imagine teintée de joie, de force, de douceur et de tristesse. Toutes choses indispensables à notre humanité.

La trace du papillon est invisible. La trace du papillon ne s’efface pas. (Mahmoud Darwich)

Groune de Chouque juin 2025